Conflit frontalier Fongo-Tongo_Mo’ock Nguia : les perspectives d’une guerre tristement célèbre pour les Fongo-Tongo

  • Ajouter le 22/03/17
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  • Rédigé Par MenouActu    


Le groupement Fongo-Tongo vit dans une instabilité extrême depuis l’année 2006, suite au conflit sanglant et meurtrier qui l’oppose au groupement Mo’ock Nguia dans sa partie nord.


Le mois de juin 2006 est à jamais inscrit en lettre d’or dans les annales tristes de Fongo-Tongo. Alors que les populations de ce groupement dans leur partie nord et les Mo’ock Nguia ont toujours entretenus de rapports de bon voisinage, cette date est venue mettre fin aux bons rapports entre ces deux groupements suite au conflit sanglant et meurtrier déclenché par les frères du sud-ouest sur les Fongo-Tongo. Cette bataille s’était soldée par l’assassinat de trois dignes fils Fongo-Tongo, sans compter une vingtaine de grièvement blessés et la perte des millions des biens matériels. Comme dans tout Etat de droit, les auteurs de cette barbarie ont été interpellés et mis en garde à vue par les autorités compétentes et traduits plus tard au tribunal militaire de Bafoussam. Après le premier procès dans cette juridiction, il ressort que l’affaire doit être portée au niveau national parce que concernant deux groupements appartements à deux régions différentes (Fongo-Tongo à l’ouest et Mo’ock Nguia au sud-ouest). Le dossier sera alors saisi par le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation et transmis dans les services du premier ministre. Entre temps et contre toute attente, les assassins  furent tous libérés, sans aucune autre forme de procédure.

En 2011, ayant déjà pris goût de terrifier le peuple Fongo-Tongo, ces mêmes assassins ont encore semé la terreur en assassinant le fils de Dongmo Jean Roger, habitant de cette localité dite litigieuse. Ainsi, une enquête judiciaire a été ouverte par la gendarmerie de Livonlé et la compagnie de la gendarmerie de Dschang. Ce qui s’est soldé par les arrestations des auteurs de ce crime. Mais, comme les arrestations de 2006, ils ont été libérés quelques jours après. Du coup, les habitants du nord Fongo-Tongo qui sont dans la proximité de cette zone litigeuse vivaient dans une instabilité et une insécurité totale. Ils ne se sont pas trompés, car un an après, ces criminels ayant peut-être acquis le laissez-passer ou le permis de tuer, de massacrer les Fongo-Tongo n’ont pas raté l’occasion de terrifier et terroriser encore le  groupement. En Juin 2012, suite à un décret du premier ministre précisant les frontières entre les régions de l’Ouest et du Sud-Ouest, les populations de Mo’ock vont tendre une embuscade à la délégation venue de Yaoundé pour cette tâche, et les sous-préfets des trois arrondissements concernés par le conflit. Ils vont donc traquer dans leurs pièges deux gendarmes et le sous-préfet d’Alou qui, a été soigneusement bastonné, reste alors le sous-préfet de Ngwabané, et celui de Fongo-Tongo qui se sauveront de justesse. Après, ces gens de Mo’ock vont se rendre dans la zone conflictuelle pour chanter les louanges de la barbarie en incendiant le domicile de Dongmo Jean Roger, en abattant ses bœufs, ses chèvres et ses chevaux. Aussitôt les Fongo-Tongo saisissent à nouveau les autorités. Mais à la grande surprise de tout le monde, les gendarmes rendus sur le lieu pour les enquêtes sont une fois de plus séquestrés, sérieusement fouettés  et sans de fortes chances, ils y laisseraient leur âme.

C’est donc suite à cette réaction primitive et surhumaine qu’en 2012, les populations de Fongo-Tongo ont pris la résolution de se faire entendre par l’Etat Camerounais en bloquant toutes les voies d’accès qui, passant par l’arrondissement de Fongo-Tongo, mènent dans ces localités ; ceci a eu l’effet immédiat d’exciter une prompte réaction du gouvernement. Laquelle réaction n’a pas été sans effet, car en date du samedi 14 juillet 2012, le gouverneur de la région de l’Ouest Midjiyawa Bakari s’est rendu à Fongo-Tongo pour calmer la population. Mais n’ayant pas fait une descente sur le terrain, les jeunes débordés de colère vont débloquer le route Dschang-Fontem passant par Fongo-Tongo, mais bloquer le tronçon Dschang-Mo’ock Nguia passant par Fongo-Tongo. Après le départ du gouverneur, rien n’ayant été fait pour désarmer ces assassins qui sont lourdement armés, ils vont encore fusiller un fils Fongo-Tongo sur ce lieu litigieux. Cela n’a pas suffit, car deux jours après, c’est-à-dire en date du 16 juillet 2012, ils vont encore fusiller chez lui, un résidant de cette zone litigieuse qui malgré les soins intensifs administrés à l’hôpital de district de Dschang à rendu l’âme deux mois après. La victime, le surnommé Janvier, digne fils Fongo-Tongo a été froidement fusillé en plein jour par un ressortissant de Mo’ock Nguia. Seulement, comme toutes les autres affaires, le bourreau de cet autre crime sera libéré quelques mois après. Entre temps, l’instabilité et la terreur gagnent le quotidien des Fongo-Tongo et les envahisseurs élargissent leur conquête territoriale. Occupent avec une vitesse exponentielle la partie nord Fongo-Tongo. Respectueux des institutions de la république et après avoir déjà perdu au moins cinq personnes sur la zone sans compter les nombreuses pertes matérielles, les Fongo-Tongo saisissent à nouveau les pouvoirs publics.

Le lundi 16 mai 2016, les autorités de la république chapeautées par les Préfets de la Menoua à l’ouest et celui de Lebialem dans le sud-ouest vont à nouveau effectuer une descente dans la zone litigieuse. Sur le terrain, les représentants des pouvoirs publics vont demander aux Mo’ock Nguia de cesser tout acte d’intimidation à l’endroit des Fongo-Tongo et de retenir à jamais que conformément au décret du premier ministre, le territoire en question appartient au groupement Fongo-Tongo. Recommandations balayées d’un réveil de la main par les populations de Mo’ock Nguia qui vont intensifier par la suite leur annexion et les actes de violence sur les Fongo-Tongo. Ces actes barbares vont se solder ce 20 mars par la destruction en série des domiciles, d’ailleurs une concession Fongo-Tongo a été entièrement incendiée par ces frères du sud ouest. Dépassés par cette situation préoccupante, déshonorable et humiliante, les Fongo-Tongo vivant le traumatisme total tendent la main aux pouvoirs publics pour que justice soit faite.

Ermann Roméo Tsanou

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