Crise anglophone: Le préfet de la Menoua s'exprime à la suite des attaques de Fondonera, Fongo Deng et Fongo Tongo.

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  • Rédigé Par MenouActu    


  • Mis a jour 19/07/18 à 21:18

« Tous les jours, les gens quittent le département du Lebialem et Nguti pour entrer dans la Menoua »


La Menoua est depuis peu, la cible des bandes armées. A ce jour, plusieurs attaques ont été enregistrées dans les localités de Fongo-Ndeng, Fongo-Tongo, Fondonnera... En dépit de cela, le préfet de ce département pense que les populations ne devraient pas s'affoler.


D'autant plus que des mesures sécuritaires ont déjà été prises. Dans cette interview, il fait également le bilan des exactions subies par son département.


Quelle est la situation sécuritaire dans la Menoua à l'heure où des attaques sont signalées ci et là ?


Compte tenu de notre situation géographique avec la région du Sud-Ouest et plus précisément le département du Lebialem, nos populations de la frontière subissent des attaques sporadiques de certains rebelles de cette région du Sud-Ouest. C'était le cas du côté de Fondonnera, Fongo-Ndeng, Fongo-Tongo.


Et la population à travers les comités de vigilance qui sont dynamisés sont à pied d'œuvre avec les forces du maintien de l'ordre et de la défense sont sur le terrain pour rassurer les populations qui avaient pris peur. Parce que la mission principale de l'ennemi était de semer une sorte de psychose pour pousser la population à fuir afin qu'il puisse piller aisément leurs maisons. Il y a aussi une dizaine de personnes qui avaient été prises en otage ; et à l'heure où je vous parle, ils sont tous libérés. Nous voulons profiter de votre tribune pour appeler les populations à plus de vigilance et leur demander de ne pas tomber dans la peur. Depuis un certain temps, il y a un autre front qui nous préoccupe. Il s'agit de la lutte contre la manipulation à travers les réseaux sociaux. Il y  beaucoup de nos ennemis qui cherchent à déstabiliser nos populations en utilisant le canal des réseaux sociaux.


Pourtant c'est un mode de communication de développement  que l'on utilise pour semer la peur. La plupart des messages véhiculés sur les réseaux sociaux visent à amener la population à fuir. Pour le cas de Fongo-Tongo par exemple, on a tenté de faire croire que cette zone était devenue invivable. Il y en a qui se mettent à fuir sans savoir pourquoi ils le font. Et quand vous leur demander pourquoi, ils répondent que c'est à cause de ce qu'ils ont lu sur les réseaux sociaux. Est-ce que c'est le moyen indiqué pour avoir la bonne information ? Or j'y étais samedi 14 juillet dernier et j'ai constaté que les populations vaquaient tranquillement à leurs occupations. Il ne faut pas que la population tombe dans ce plan bien ourdi. Quand les ennemis échoue d'un côté, ils essayent de l'autre côté. Il faut que la population soit vigilante.


Peut-on avoir une idée du bilan des exactions que la Menoua a enregistrées jusque-là ?


Du côté de Fondonnera plus précisément au marché ''Pia'', quand les rebelles s'y sont infiltrés, ils ont détruit le centre de santé, des voitures et quelques biens des paisibles citoyens. Du côté de Fongo-Tongo, ils ont réussi à créer une certaine panique dans un village appelé Apouh. Une centaine de personnes avait fui dans cette zone et avait trouvé refuge au niveau de la sous-préfecture de Fongo-Tongo. A l'heure actuelle, ces populations sont rentrées dans leurs différents villages. S'agissant des pertes en vie humaine, il y avait un homme qui avait traversé la frontière un dimanche pour aller à l'église à Alou dans le Lebialem. Des rebelles avaient attaqués cette église et cet homme a malheureusement perdu sa vie. Son corps a été ramené à Fongo-Tongo. Le notable lui, était pris en otage. Il a été lui aussi libéré comme les autres.


Quelles sont les mesures que vous avez prises pour sécuriser la longue frontière que la Menoua partage avec le Sud-Ouest ?


Notre département partage une grande frontière avec le Sud-Ouest ; notamment avec les départements du Lebialem et le Koupe  Manengouba, plus précisément avec Nguiti. A Bafou Nord, la Menoua est frontalière avec l'arrondissement de Wabane ; du côté de Fongo-Tongo avec l'arrondissement d'Alou. Du côté de Fondonnera et Fongo-Ndeng, nous sommes frontaliers avec l'arrondissement de Fontem dans le Lebialem. Comme évoqué plus haut, les dispositions sont prises avec le déploiement des forces de l'ordre et de la défense dans ces zones. Aussi, on avait pris d'autres mesures bien avant pour interdire la circulation des mototaxis dans certains de ces villages après avoir constaté que l'ennemi y venait de temps en temps pour des exactions.


C'est aussi l'occasion pour moi d'inviter nos populations à respecter ces mesures de sécurité parce que nous avons constaté qu'il y avait un laxisme de la part de nos populations. La tradition a montré que ces gens la même culture et ont bien d'autres choses en commun certes ; mais pour le moment nous avons pris ces mesures de sécurité. Les comités de vigilance sont également à pied d'œuvre en collaboration avec les forces de l'ordre.


La semaine dernière, plusieurs incursions ont été signalées. L'accalmie observée depuis quelques jours peut-il être mis à l'actif de ces mesures que vous prises ?


Effectivement parce que la population s'est rendue compte qu'elle ne pouvait rester les bras croisés pour subir les affres de l'ennemi. Elle a pris cette menace très au sérieux (c'était exactement ce qu'on attendait d'elle). Et j'espère que ce calme doit continuer.


Peut-on avoir une idée réelle du nombre de déplacés enregistrés dans votre département ?


Ce processus est en cours parce que c'est tous les jours que les gens quittent le département du Lebialem et Nguti pour entrer dans la Menoua. C'est un processus permanent parce que c'est tous les jours que de nouvelles personnes arrivent. Nous avons demandé à nos populations d'être réceptives, mais vigilantes. Parce qu'il faut certes recevoir les autres, mais il faut savoir qui on reçoit. J'ai donné des instructions aux autorités administratives de base, de s'atteler avec les auxiliaires de l'administration dans ce travail.

Gaël F. 

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