LES LECONS DE LA MARCHE DU 22 SEPTEMBRE 2020

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  • Rédigé Par MenouActu    


Ce que j’ai vu m’a profondément affecté. Je vous explique pourquoi !


Recevez mes salutations en ce jour triste pour notre pays ...j'ai suivi avec beaucoup d'attention les événements de ce jour surtout ce qui s'est passé à Douala où je vis.....je n'appartiens à aucun parti politique et je n'ai jamais voté de ma vie. J'ai passé 16 années de ma vie hors de ce pays. Mais dans le cadre de mes activités j'étais au Cameroun. 2 fois par mois et j'ai ramené la fréquence à une fois par mois. avec le mal de l’air lors des atterrissages …..

Aujourd’hui quand je sors les billets d'avion, c'est le volume d’un dictionnaire...dernière ces billets se cache une partie de ma vie....je vais vous raconter une petite partie de cette histoire....

Lors de mon séjour à Douala, je vais à l'hôpital militaire faire un check up médical...la radio dévoile une boule au niveau du cou...on parle d'adénome pléomorphe et les médecins me conseillent de me faire opérer urgemment. Sauf qu'on me fait remarquer que l'opération à un risque parce qu'une veine névralgique passe dans la boule donc cela pourrait mal se passer...en français facile je pourrais monter sur la table pour la dernière fois..... J'ai perdu 5 kilos sur place...j'ai revisité toute ma vie dans ma tête en deux minutes...j'ai compris que dans cette vie nous avons le programme, les rendez-vous, on remporte des victoires… mais une seule personne a la montre et le sifflet.

Alors je me suis dit intérieurement : « Que ta volonté soit faite ! »...quand je suis rentré à la maison, j'ai caché cela à mon épouse et à mes enfants. Je les regardais en me disant: « est ce qu'ils vont s'en sortir sans moi. »..Avant de me dire : « .mais que puis-je faire si Dieu l'a décidé ».... J'ai dit à Madame : c'est une opération de rien du tout je peux y aller seul en matinée et le soir je suis de retour....on a programmé l'opération... J'ai pu réunir les 800000fcfa qui devaient tout couvrir au cas où ça se passe bien...j'ai demandé à ma grande sœur et à ma cousine de m'accompagner... En me disant : «  si ça se passe mal ils sauront comment annoncer la nouvelle... ».

Avant d'aller payer je me devais de dire au-revoir à mon boss...un Gabonais il était  comme un deuxième père pour moi...je l'ai informé de la nouvelle et en lui disant que cela pouvait mal se passer et que si ça se passait mal qu'il sache que de là où je serais désormais je le porterais dans mon cœur....il s'est exclamé au téléphone : « quoi? Pas question tu m'annules cette opération au Cameroun ...tu reviens au Gabon et on va le faire en Afrique du Sud...ils vont te tuer. »...j'ai donc repris un billet pour Libreville et de Libreville je me suis envolé pour Pretoria

Arrivé à Pretoria j’ai repris mon check up et on m'a envoyé vers des spécialistes pour la boule en question.... Alors un médecin entre il me consulte...ensuite il fait entrer son collègue du même grade qui me consulte à nouveau et ils vont faire une réunion.... Puisque en Afrique du sud ...une erreur médicale c'est une suspension définitive du corps médical.... Alors les deux médecins sont revenus me voir pour le verdict.... Ils m'annoncent que la boule c'est rien...donc si je souhaite qu'on l'enlève ce serait uniquement pour des raisons esthétique... Je leur ai montré mon alliance en disant que je suis déjà marié et que je n'ai plus rien à faire avec l'esthétique...

Quand je suis ressorti de là je suis allé m'asseoir sous un arbre, j'ai levé les yeux vers le ciel et demandé à Dieu pourquoi il a fait du Cameroun ce qu'il est devenu....si j'avais eu un patron camerounais il m'aurait répondu : « depuis qu'on te paie tu ne sais pas que tu peux être malade ?». J'ai pensé aux nombreuses familles camerounaises aisées sous assurance et  qu'on opère  très souvent pour rien....j'ai compris qu'au Cameroun sans argent tu meurs ...avec argent tu meurs.. A ce moment j'ai ressenti le mal de notre pays dans ma chair de manière profonde. Je serais mort sur une table d'opération cadeau dans mon pays....

Ce matin j’ai vu des images de mon pays qui m’ont rappelé cette terrible épreuve. J'ai vu un homme  - qui avait perdu son oeil lors de la dernière marche - il est ressorti ce matin et il était à la tête de la marche.à Ndokotti ... J'ai vu un jeune garçon de moins de 20 ans avec sa béquille entrain de marcher en pleurant et en criant : « tuez-moi ! »... j’ai vu une dame avec son bébé au dos dans la marche à Baham...j'ai vu des jeunes aspergés de gaz lacrymogène. Après avoir reçu le gaz, ils sont allés derrière les comptoirs des commerçants à Ndokotti se laver la figure avec une bouteille d’eau  et revenir dans la marche....

Toutes ces images de désespoir m’ont fait repenser au jour où je m'apprêtais à aller me faire opérer.... Malgré tout ce dispositif militaire malgré les menaces ils savaient pertinemment qu’en allant marcher, ils peuvent ne pas rentrer à la maison ce soir. Malgré cela, ils sont sortis ...Mon conseil pour les dirigeants de ce pays et pour.. chaque personne que Dieu a béni dans ce pays. Ne  restez plus dans vos palais pour narguer ceux qui souffrent dans ce pays....si vous avez suffisamment ou si vous pouvez faire un geste, aidez ceux qui n'en ont pas...si vous n’avez pas pitié de la dame qui marchait, ayez pitié du bébé qu’elle portait au dos et qui pouvait prendre une balle en caoutchouc… .financez la réalisation d'un point d'eau pour aider les pauvres dans votre quartier au lieu de les éclabousser avec votre grosse voiture quand vous passez.... Un jour viendra où toi aussi tu t'apprêteras comme moi à monter sur une table d'opération sans être sûr que tu y descendras vivant. avec ou sans argent ….. La vie c'est rien...Dieu a voulu que nous naissions dans ce beau pays…posons le sourire sur les lèvres des compatriotes... Les narguer ne nous rend pas plus fort. 

Par Dongmo simon (dongmo74@yahoo.fr)

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