Le coin de l’histoire : Quand le maire cherche en vain son discours au moment de le lire.

  • Ajouter le 05/10/17
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  • Rédigé Par MenouActu    


Mardi le 3 octobre passé, c’est un convoi de dix voitures de toutes tailles qui quitte l’esplanade de la sous-préfecture de Nkong-Ni. Le but de ce voyage est d’accompagner Fofié Mbouedia Christophe, dans sa prise du commandement à Bandja.


 Les populations ont la nostalgie des quatre ans quatre mois que ce grand sous-préfet a passé ici, dans une posture particulièrement exemplaire. Le départ a été prévu pour 6 heures 45. Pourtant, il est 7 heures 30 quand le convoi se lève. Ce premier incident a été causé par un adulte, désireux de resquiller une place au voyage aller-retour. N’arrivant pas à débusquer le resquilleur après deux séries de lecture des noms, Etienne, le chef du protocole, décide : tout le monde doit descendre pour ne remonter dans le bus que dans l’ordre d’appel des noms. Pour rattraper le retard pris, quelqu’un suggère d’emprunter un raccourci passant par Bamendou. Cette route qu’il affirme connaitre bien ferait éviter les embouteillages de Bafoussam. Au bout d’un temps long passé sur des pistes fort dégradées, les voitures débouchent au centre ville de Penka-Michel. Furieux, certains interpellent le guide de départ. 

Ce dernier fond dans son siège et ne dit plus rien. Mais de nouveaux guides apparaissent et le conducteur met le cap sur Fotouni via Baloum. Au long du chemin, jeunes et moins jeunes sortent des maisons pour regarder le passage du convoi. Les plus jeunes agitent le bras en guise de salut. Ce signe révélateur indique que dans cette partie du pays, les routes n’ont pas souvent l’habitude de voir des voitures passer. Quelque part dans le groupement Fotouni, le convoi s’arrête. Les passagers descendent pour apprécier de près cette tranchée, qui traverse la route. Trois hommes et une femme semblent s’activer à la résolution du problème. Ils ont même entassé l’équivalent de deux brouettées de grosses pierres tout à côté. L’un d’eux est vêtu d’une culotte et d’un tricot estampillé BIR. Il tient un discours violent contre « (…) Les gens de Yaoundé, qui dépensent de l’argent sur le papier sans rien faire sur le terrain… » Visiblement, l’homme présente des signes clairs du consommateur régulier d’"herbe". Il exige 5 000 Fcfa pour arranger la route. Des passagers proposent 2 000 Fcfa. A toutes les voitures qui empruntent cette route, il tient le même discours. Et face à son refus catégorique de transiger, le convoi de base décide de faire demi-tour, après près d’une heure et demie de route. Cette fois, tout le monde est vraiment découragé à l’idée de retourner, dans les embouteillages de Bafoussam. Mais au bout d’un kilomètre dans le sens inverse, un troisième guide apparait. Sa fonction de transporteur professionnel le rend plus crédible. Car, au bout d’un très long détour, le convoi arrive à Bandja sur les coups de 10 heures. Pourtant, la cérémonie va commencer avec près de deux heures de retard. A l’observation, la gestion des deux milliers d’accompagnateurs du sous-préfet entrant semble expliquer ce retard, au moins en partie. Habitués à ne gérer que des masses réduites, le dispositif d’accueil prévu par les organisateurs a très vite été dépassé. Et l’on a fait appel à des motos, pour hâtivement acheminer des chaises sur la place des fêtes. Embarrassés et désarmés, des invités ont été obligés de passer des heures assis sous le soleil, quand il n’a plus été possible d’entasser les gens dans les tribunes. 

Même le papa du sous-préfet entrant, pourtant bien âgé, a tâté de ce soleil un certain temps. Mais c’est au moment de lire les discours que le plus insolite s’est produire. Car, quand la parole lui a été donnée pour délivrer son mot de bienvenue, Njungou Barthélemy, maire de Bandja, a demandé à l’impresario d’appeler Francis. Dix minutes durant, ses collaborateurs ont couru de toutes parts pour retrouver le précieux document. Pendant tout ce temps, monsieur le maire est resté là, planté derrière le micro et arrosé des rires de son nombreux auditoire.

RK

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