REMEMBER KOPA : Il s’appelait Tsobgni Paul Roger Kopa

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  • Rédigé Par MenouActu    


  • Mis a jour 18/05/20 à 17:47

17 mai 1993 - 17 mai 2020 cela fait exactement 27 ans jour pour jour que le seigneur rappela autour de lui son serviteur Kopa


Par sa fille   Yann Vivette TSOBGNI ZEBAZE, Encore appelée Maa Ndzii, Maa Ndweuh, Maa Mafoleng, la mère de KOPA; À qui il a donné le nom de sa mère.

À MON PÈRE,

17 mai 1993, 06h30 du matin.

Ce jour là, quand de je me suis réveillée, j’ai senti que quelque chose s'était passé.

J’avais le sentiment que le ciel était noir, sombre, et qu’il allait tomber sur la terre.

Je me sentais vide, chancelante et je ne comprenais pas pourquoi. Anxieuse, je me suis préparée pour l'école, mais sur la route, j’ai rebroussé chemin. J’avais de plus en plus le sentiment que quelque chose n'était pas normal.

J’ai dit à ma mère: “maman, je ne vais pas à l'école aujourd’hui, je ne me sens pas bien.”

Surprise, elle m'a dit d’accord. Sachant que pour rien au monde je n’aurais raté l'école sans raison.

15h30-16h00

J’ai vu des gens affluer chez nous, des oncles, des tantes, des voisins, … je ne comprenais pas.

Tout le monde nous regardait d’un air curieux, et je me souviens avoir demandé à ma sœur: “il y a une réunion à la maison? C’est bizarre, il y a trop de gens”. Elle m'a répondu:” je ne sais pas, moi aussi je me le demande.’

Observant attentivement la scène, et scrutant le regard des oncles et tantes pour trouver une réponse, je ne voyais rien d'autre que de la gêne et du silence.

Tout à coup! j’ai entendu un cri, ma mère!

J’ai bondi et j’ai couru vers l'intérieur de la maison, au passage, j’ai vu tellement de monde que je me suis demandée comment ils ont fait pour entrer, et surtout à quel moment?

Une voisine m'a attrapée et enserrée par la taille m'empêchant ainsi de courir. Surprise, je lui ai dit: "lâches-moi, qu’avez vous fait à ma mère, pourquoi elle pleure, pourquoi elle crie!"

Un de mes cousins présent lui a dit: “tiens la bien, ne la lâches surtout pas!”, tellement je me débattais.

J'ai commencé à hurler et j’ai appelé ma mère, je leur ai demandé de me lâcher, qu’il fallait que je voie ma maman. Je l’entendais crier et pleurer au salon, et je ne comprenais pas.

Que faisait-on à ma mère?!

C'est alors que, quelqu’un a prononcé une phrase et le temps s'est arrêté:

"ton père est mort!"....

"ta mère pleure parce que ton père est mort"...

Je me souviens qu’il y a eu un blanc. Mon cerveau venait de faire un bug. Je suis sortie de mon corps pour observer la scène. Dissociation totale!

À cet instant précis, la petite fille que j'étais venait mourir , et ma seconde vie venait de commencer.

Horreur, douleur, désespoir, j’ai cru arrêter de respirer, j’avais l’impression que mon cœur avait cessé de battre.

Ce n'était pas possible, c'était une erreur, une blague, non, pas mon père, pas lui, il est immortel!

J'ai hurlé de toutes mes forces à en perdre la voix, j’ai appelé mon père, j’ai crié, j’ai frappé la voisine de toutes mes forces. Je me suis échappée et j’ai couru vers ma mère. Elle seule pouvait leur dire qu’ils se trompaient.

J’ai déboulé dans le salon, au milieu des cris et des pleurs, cherchant ma mère des yeux, le cœur battant , le souffle court.

J’entendais dire derrière moi: “ ‘arrêtez-la, il faut la tenir, elle est sous le choc!”, mais je bousculais tout le monde, à la recherche de maman.

Tout d’un coup, je l’ai vue, assise par terre et hurlant elle aussi, tenue par plusieurs personnes.

Quand son regard a croisé le mien, elle a crié: " Maa (mon petit nom), mon Dieu, je vais faire comment pour t'expliquer ça “ et elle s’est prise la tête entre les mains en pleurant.

Et là! j’ai compris.

C'était donc vrai. Le ciel venait de me tomber sur la tête. Mon père, ma raison de vivre, n'était plus là.

Je me suis sentie glisser sur le sol, j’ai perdu toutes mes forces. Tout mon corps était secoué de tremblements, de sanglots, j'étais horrifiée.

Je me souviens avoir pensé: "c’est la fin du monde, je vais mourir aussi, je ne resterai pas ici sans lui."

Que j'avais mal, comme si on m'arrachait mes entrailles.

Cette douleur là, je ne la souhaite à personne. C'est tellement affreux de perdre un parent.

J’ai hurlé, jour et nuit, et j'ai fini par perdre la voix.

J'étais hantée par son visage, sa voix, son rire. Je me remémorais en boucle notre dernière conversation et ce qu’il m’avait dit.

Au moindre klaxon, je courais vers le portail, pensant voir sa voiture arriver.

Je humais sa chemise, son odeur, et tant pis si les larmes avaient depuis longtemps absorbé tout ce qui y restait comme effluves.

Je m’endormais avec ses vêtements roulés en boule sur ma poitrine, sur mon coeur.

Je refusais d’accepter.

J’ai hurlé encore et encore pendant des mois,... à tue-tête, en silence. À l'intérieur, je me consumais lentement mais sûrement.

Papa...Papa..., où es-tu? n'arrêtais-je pas de murmurer.

J'avais tellement mal que ma poitrine était douloureuse.

Perdre l'amour de mon père, sa présence, sa chaleur, sa protection...une véritable tragédie.

Heureusement...que ma maman était là!

Heureusement, que ma maman m'a tenue la main, elle a tellement pleuré de me voir dépérir que j’ai trouvé la force de m'accrocher à la vie pour ne plus la voir triste.

Ma mère venait de perdre son mari et elle devait encore se battre pour ses enfants.

Ma mère, elle a connu les déboires de la veuve spoliée, mais elle ne s’est jamais plaint.

Ma mère, elle nous a bien éduqué, avec rigueur et morale, malgré son statut de femme seule, de veuve.

Ma mère, elle a été ma maman, ma psychologue, mon médecin, mon consolateur, mon second père.

Elle savait trouver les mots justes , elle savait exactement quoi me dire pour sécher mes larmes.

Elle a su comment entretenir la mémoire de mon père dans mon cœur pour que je ressente moins son absence et que je souffre moins.

Son regard, les noms avec lesquels elle m’appelle, les souvenirs d’avec mon père qu’elle m'a partagés. Ma mère m'a toujours fait ressentir qu’elle m’aimait beaucoup et qu’elle serait toujours là pour moi. Pour m’accompagner dans mon deuil.

Elle a été là pour tempérer ma quête de justice, pour me protéger du danger et pour guider mes pas. Je devais rester en vie!

Ma mère est la seule personne dans ce monde qui sache parler à mon cœur.

Ma mère m'a sauvé la vie à la mort de mon père.

Avec son amour, sa patience, son empathie.

Sans elle, je n’aurais jamais survécu.

Je remercie Dieu pour les merveilleux parents qu'il m'a  donné, tellement j'ai eue une enfance heureuse. Pleine d'amour, de  bienveillance, de sollicitude parentale.

Mes parents m'ont tout donné.

J'ai connu l'amour paternel avant de le perdre.

J'ai connu l'amour maternel et je l'ai encore.

Ces fondements qui ont fait de moi la femme que je suis aujourd'hui et qui m'ont servi de ressources à chaque fois que j'en ai eue besoin.

La perte brutale d'un parent aimé, peut briser à jamais le cœur d'un enfant.

Papa,

Je ne t'oublierais jamais,

Tu as été et tu restes un homme exceptionnel.

Footballeur, entraîneur, Président de Club, Entrepreneur, Promoteur culturel...je vais dire quoi et laisser quoi.

Avec toi, la ville de Dschang et la Menoua ont brillé de mille feux.

Tu es un des piliers du développement économique, social et culturel de cette ville.

Tes entreprises Ecame & Tp, Menoua Lines, étaient là pour en témoigner.

Tu as fait rêver tellement de gens papa, que je t'en aime encore plus.

Reposes en paix homme intègre, Pépé, Taa, Kopa

Papa,

Reposes en paix Amour de ma vie,

D'ici bas, je veille sur toi et je défendrai ta mémoire jusqu'où il le faudra.

Je te suis et te resterai loyale À VIE.

Ta fille bien aimée,

Maa, Mémé.

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