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- Rédigé Par MenouActu Suivre @MenouActu
- Mis a jour 06/11/24 à 7:30
Le 5 novembre 2024 restera gravé dans les mémoires des habitants de Litieu, un village du groupement Foreke Dschang, comme un jour sombre et tragique. Aux premières heures de la matinée, vers 09h30, un premier glissement de terrain a coupé la circulation
isolant les voyageurs et paralysant cet axe crucial. Devant l’urgence, les agents de la mairie et des travaux publics se sont mobilisés rapidement avec les moyens disponibles : deux pelles excavatrices appartenant à un opérateur économique prêté par l'entreprise BAO chargée de l’entretien de la route de Santchou et une pelle chargeuse appartenant à la commune de Dschang , . Malheureusement, leur intervention précipitée s’est déroulée sans une évaluation approfondie des risques encore présents au-dessus de leurs têtes.
Sans analyser la situation ni étudier la stabilité du terrain, ces agents se sont hâtés de déblayer la route, en ignorant la masse de terre menaçante suspendue au sommet de la falaise. C’est ainsi qu’aux alentours de 14h, un second éboulement, bien plus violent que le premier, a frappé, entraînant dans son sillage les trois engins de chantier et plusieurs vies humaines. Parmi les chauffeurs des engins, deux ont miraculeusement survécu, tandis que le troisième, enseveli sous les décombres, n’a pas eu cette chance. Les rescapés sont sortis des amas de terre grâce à des efforts improvisés et rudimentaires, utilisant des moyens de fortune. Des témoins ont également rapporté la présence d’un véhicule pic-nic enseveli, dont le chauffeur a été retrouvé vivant, mais les passagers restent portés disparus. Deux bus de type coaster, pris dans le glissement, sont eux aussi ensevelis, et plusieurs spectateurs présents sur les lieux du premier éboulement sont portés disparus.
Face à ce drame, le gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine, s’est déplacé pour évaluer la situation. Cependant, sa présence n’a pas pu pallier une absence criante et inacceptable : celle d’une unité de sapeurs-pompiers opérationnelle à Dschang. Cette catastrophe met une fois de plus en lumière une carence dangereuse et scandaleuse dans la gestion des urgences. En effet, Dschang, une ville importante qui souvent été ces dernières années le théâtre des catastrophes humaines notamment sur cette falaise, ne dispose d’aucune équipe de sapeurs-pompiers capable de réagir rapidement aux sinistres de cette ampleur. Les secours n’ont pu être dépêchés que depuis Bafoussam, à plusieurs dizaines de kilomètres de là. Arrivés avec le cortège du gouverneur, ces "sapeurs-pompiers" ne disposaient d’aucun équipement de sauvetage. C’est une honte nationale de constater que ces agents sont venus sans le moindre matériel de secours, incapables de remplir leur rôle et réduits au rang de spectateurs, tout comme les civils qui assistaient, impuissants, à la scène.
Jusqu’à notre départ des lieux, aucune opération de fouille digne de ce nom n’avait débuté. Les rescapés, les blessés et même les dépouilles des victimes ont été extraits à mains nues, par des villageois et des témoins désespérés. L’absence de moyens de secours adéquats a ralenti les opérations et contribué à un bilan humain que l’on aurait peut-être pu réduire avec une intervention rapide et professionnelle.
Comment comprendre qu’une ville comme Dschang, exposée aux éboulements fréquents et traversée par un axe aussi stratégique, soit délaissée à ce point en matière de secours ? À chaque nouvelle catastrophe, le même scénario se répète : les autorités arrivent après coup, improvisent des solutions précaires, et les mêmes promesses sans lendemain sont faites. La colère des populations est légitime. Il est inconcevable qu’en 2024, des vies soient encore sacrifiées sur l’autel de la négligence et de l’irresponsabilité.
Ce double éboulement dramatique doit être un signal d’alarme pour que des mesures concrètes soient prises. Il est urgent que Dschang soit dotée d’une unité de sapeurs-pompiers bien équipée, formée et prête à intervenir en cas de catastrophe. Car une chose est claire : cette falaise représente un danger permanent. Et si rien n’est fait, combien de vies faudra-t-il encore perdre pour que les autorités prennent enfin leurs responsabilités ?
En attendant, les familles pleurent leurs proches, et les survivants se reconstruisent comme ils le peuvent, le cœur lourd et l’esprit hanté par les souvenirs de cette journée cauchemardesque.
Blaise ETONGTEK pour le journal citoyen Menouactu
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