Depuis le décès de Medoug Kemgang Alain Luciano en 2020, Chef de troisième degré du village Nka, la famille royale est rentrée dans un schisme dont la cause est l'accès au trône royal.

Alors que les obsèques du défunt chef n'ont toujours pas été organisés trois ans après sa mort, des  consultations ont eu lieu récemment avec le sous préfet, trois membres de la famille royale et un notable pour la désignation d'un successeur. Des consultations dénoncées par la majorité royale qui remet en cause la légitimité des organisateurs et les choix effectués.

Ces consultations, organisées le 22 mai dernier, ont désigné le jeune Medoug Lemogo Landry Djamel âgé de 9 ans comme successeur de son défunt père. La régence devant être assurée par Lucas Ngomseu, Nkweti de son défunt chef jusqu'à l'âge de la majorité du jeune monarque.

A priori, rien d'anormal. Mais de nombreuses interrogations pèsent sur ces choix, au regard de leur forte contestation et surtout au regard du nom respect des us et coutumes de cette communauté tel que dénoncé par la majorité royale.

Le boycott de la famille royale et des populations

Les consultations avec le sous préfet de l'arrondissement de Fokoué ce 22 mai, ont été marquées par l'absence de 90% de la famille royale, des populations et des quinze (15) notables de la cour royale ; un seul ayant pris part.

Les femmes vivants au sein de la chefferie ont, elles aussi, déserté les lieux ce jour.

Le porte parole de cette famille royale, Pokem Alexis, dénonce une imposture orchestrée d'après lui, par le chef du groupement Bamengwou, sa majesté Ngueko Victor dont la finalité serait de mettre le grappin sur ladite chefferie et ses biens. 

Que dit la tradition ?

Pour plusieurs autorités traditionnelles du département de la Menoua, le cheminement emprunté par l'administration est totalement à l'opposé des us et coutumes Bamiléké. Ces traditionalistes s'étonnent, de voir le successeur d'un chef, désigné alors que les obsèques de son père  restent en attente.

sa majesté Atonfack Etienne, chef du village Mingmeto, dans l'arrondissement de Dschang,  déclare pour sa part que « L'adjoint direct d'un chef qu'on appelle en pays bamiléké Nkwéti, ne peut en aucun cas être désigné comme régent si le nouveau chef est encore mineur». Une position de la tradition qui permet de constater une certaine irrégularité dans le choix de Lucas Ngomseu comme régent.

Sa majesté Atonfack Étienne, souligne également que, « lorsqu'un chef décède sans designer son héritier, les notables (les 9 et les 7 ndlr) se réunissent avec les membres de la famille royale pour désigner le nouveau successeur ».

Une autre observation qui pose des interrogations sur le choix de ce successeur lors de ces consultations.

Une affaire d'homologation?

D'après les membres de la famille royale Nka, ces querelles seraient entretenues dans l'ombre par le chef supérieur du groupement Bamegwou, sa majesté Ngueko Victor. Plusieurs hypothèses sont alors avancées par ces derniers.

En effet, ce dernier serait à la tête d'une chefferie supérieure qu'on pourrait qualifier de fantôme car ne détenant pas jusque là une reconnaissance officielle et administrative. Une reconnaissance qui passe par une homologation.

La chefferie Nka dispose par contre de son homologation depuis le 29 Juin 1986. L'objectif serait donc d'après les indiscrétions, de substituer cette précieuse homologation, pour l'enregistrer sous un nouveau nom, à savoir celui de la chefferie supérieure Bamegwou.

Une autre hypothèse serait la volonté du chef supérieur Bamegwou, de détruire et faire disparaitre la chefferie Nka pour au final s'approprier son homologation.

Il est à noter que sur toutes ces accusations, contacter par la rédaction de MenouActu, Sa Majesté Ngueko Victor n'a jusqu'ici souhaité s'exprimer pour nous donner sa version des faits.

Le bras de fer reste donc ouvert entre les deux camps de cette famille. Mais les obsèques du défunt chef seraient en cours de préparation pour le 15 juillet 2023, tel qu'annoncé par Alexis Pokem, porte parole de la famille royale. Date à laquelle le vrai nouveau successeur verra le jour, souligne-t-il.

Cyrille De Fopossi pour le journal citoyen MenouActu