Dschang : découverte du cadavre du responsable d’une structure travaillant pour un opérateur mobile.

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  • Rédigé Par Adjahoung    


  • Mis a jour 31/08/17 à 12:13

L’état du corps sans vie incline à penser soit à un meurtre soit à un suicide. Après deux jours de recherche vaine, la dépouille mortelle du responsable commercial de Orange KKFA a été découvert dans sa chambre à Dschang.


Au commissariat de police du deuxième arrondissement de Dschang, la nuit du mardi 29 au mercredi 30 août 2017 n’a pas été de tout repos. Le commissaire Nnane Moses et ses collaborateurs se sont occupé, jusqu’aux premières heures du petit matin : à traquer des mineurs encore présents tard cette nuit-là, dans des lieux inappropriés pour leur jeune âge ; à faire des contrôles et/ou des saisies conservatoires sur des objets, transportés par des personnes à l’allure suspecte ; à veiller sur des zones sensibles de la ville…

Quand enfin monsieur le commissaire a cru avoir terminé avec la longue nuit et qu’il a enfin pensé à prendre une plage de repos, sur les coups de 8 heures 30, c’est alors qu’a commencé une journée de travail nouvelle, longue, et aussi remplie encore.

Cette autre journée a été déclenchée par l’épouse du nommé Mekontchou Grégoire. Assise face au commissaire Nnane, elle annonce la découverte du corps sans vie de son époux, dans sa chambre. Et il s’en est suivi : une descente multi-compétences sur les lieux, l’audition d’une demi-douzaine de témoins, les procès-verbaux à faire relire par les intéressés et à mettre ensuite au propre, le rituel de mise du corps à la disposition de la famille…

Selon les déclarations de M, l’épouse du défunt, son mari et elle se disent le dernier au revoir dimanche le 27 août passé, à Bamougoum. Revenant d’un enterrement au village du même nom, ils se séparent ici : il retourne à Dschang où il a été récemment affecté comme responsable de la force de vente, chez Orange KKFA ; elle prend la route de la ville de Bafoussam, où est basé leur domicile principal.

En début de nuit, elle le joint par téléphone pour savoir s’il est bien arrivé. Affirmatif, il ajoute : « (…) Et me voici-même à une soirée de "Voir bébé" d’un collègue… » Le lendemain soir, lundi le 28 août, elle l’appelle de nouveau. Elle voudrait lui rappeler qu’ils ont des élèves-vacanciers qu’il faut mettre en route, avant la date de rentrée scolaire. Le téléphone sonne mais personne ne décroche.

Très tôt le matin du jour suivant, mardi le 29 août, elle revient à la charge. Une fois de plus le téléphone sonne sans succès. Peu après, le prénommé Dieudonné, supérieur hiérarchique de son époux, débarque chez elle avec des policiers. Ce chef voudrait voir Grégoire qui lui aurait annoncé son arrivée à Bafoussam, pour la soirée de lundi. Devant ces témoins, l’épouse tente à nouveau sans succès de joindre son époux.

Se donnerait-on la mort pour une dette de 1 300 000 Fcfa quand on a un salaire mensuel stable ?

Avant de se retirer, les hôtes de la dame lui demandent de dire à son époux de se présenter au siège de la société, dès son arrivée. Une fois la police repartie, elle joint au téléphone le prénommé Elvis, un collègue de son époux en poste à Bafoussam. Elle voudrait savoir ce que la police reproche à son mari. Elvis l’informe simplement qu’on le cherche à son service parce que personne ne décroche quand son téléphone sonne.

Insatisfaite par cette réponse laconique, elle appelle la prénommée Duchesse, caissière à l’agence de Dschang de la même structure. Duchesse lui dit qu’elle avait l’intention de l’appeler ce même matin : « (…) pour savoir où est Grégoire. Il ne décroche pas son téléphone… » Madame Fotso, la promotrice de la société est venue à Dschang hier (lundi). Elle n’a pas vu Grégoire avec qui elle voulait s’entretenir.

Elle est ressortie en promettant revenir dans dix minutes. Quand Grégoire est arrivé, il a été informé du passage de la promotrice. Et sans mettre long à son poste, il est ressorti pour ne plus revenir.

Avant de sortir de son domicile ce matin-là, l’épouse de Grégoire informe des membres de sa belle-famille de la situation. Arrivée à son service à elle vers 9 heures 30, elle envoie un post Whatsapp à Elvis pour comprendre les dessous de ce qui se passe dans leur structure, car elle n’arrive pas à joindre son époux. Répondant par une icône d’écomotion, celui-ci exprime toute sa colère.

Continuant sa réponse, Elvis ajoute : « (…) Il semble qu’il y a un gros déficit qui pèse contre lui. Je n’ai pas tous les détails. Il faudrait qu’il vienne d’abord expliquer la situation. Seulement, quand on appelle il ne répond pas. Pourtant, quel que soit le fond du problème, je vais le soutenir. Mais s’il part comme ça, ma crédibilité sera touchée. Madame Fotso ne me fera plus confiance… » Plus tard lors des enquêtes à Dschang, des sources avanceront le montant d’un million trois cent mille (1 300 000 Fcfa). D’autres ajouteront que la victime était devenue soucieuse et pensive.

Le défunt se serait débattu en suffoquant, avant de rendre l’âme.

A 18 heures ce mardi-même, sa belle-mère et elle décident de partir pour Dschang tôt le mercredi matin. Elle a alors l’intention de se présenter en personne au siège de la compagnie employant son époux, dès son retour de Dschang.

Une fois au carrefour baobab à Dschang, mercredi le 30 août, elle observe que la porte de son époux est fermée de l’intérieur et qu’un filet de lumière filtre de l’intérieur, à travers les interstices du battant. S’adressant à sa belle-mère, elle conclut qu’il y a quelqu’un dans la maison. Mais quand elle cogne à la porte personne ne répond.

Assistée du bailleur, elle force la fenêtre de la chambre à couchée et découvre le spectacle macabre : le corps inanimé de son époux gît alors sur le lit. Couché sur le dos, il a le torse vêtu d’un tricot ; la moitié inférieure de son corps est nue ; son téléphone est posé près de sa tête ; quelques objets et produits de la pharmacopée traditionnelle sont posés non loin, au sol ; un filet de bave s’échappe de sa narine…

A l’observation du corps non encore en décomposition, l’on peut penser que la mort remonte à moins de quarante-huit heures. L’état-même de ce corps laisse penser que le défunt se serait débattu en suffoquant, avant de rendre l’âme. On aurait dit que la victime avait été brulée de l’intérieur, par un produit toxique et indigeste.

Si tel s’avérait être le cas, les pistes les plus plausibles de ce décès seraient celles : soit d’un suicide soit d’un empoisonnement, intervenu peu avant que la victime n’entre chez elle. Où que se trouve la vérité, l’équipe de Ouest Echos présente ses profondes condoléances à toute la famille éplorée, et prie pour que la Miséricorde Divine prenne l’âme du défunt dans la paix.

Roch Kenfack

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