Trois mois après sa prise de fonction en tant que Président de la République du Cameroun le 6 novembre 1982, Paul Biya s'adressait pour la première fois à la jeunesse le 11 février 1983.

En  57 ans d'existence de  cette fête, Paul Biya s'est adressé à population jeune 40 fois, soit plus de la moitié des fois, pour un résultat toujours mitigé au sein de cette couche sociale.

Un discours qui a perdu son sens au fil du temps

40 ans c'est bien long. Si le discours présidentiel à la jeunesse drainait les foules au départ, il a peu à peu perdu sa valeur auprès de ces jeunes avec le temps.

 D'abord en 1992. Les élections présidentielles de cette année qui ont été marquées par des événements singuliers, poussant les jeunes à se désintéresser massivement du discours présidentiel. Surtout que ce discours intervient un mois seulement avant le début des élections de mars 1992 où, Paul Biya est la cible de protestations populaires et de pressions internationales. Le discours présidentiel va dès lors progressivement  se faner

Du réchauffé

Ce discours présidentiel sous l'ère Biya va continuer à perdre de son influence, avec l'idée du déjà entendu qui  l'entoure depuis quelques années. Désormais au Cameroun, les expressions telles que «il va dire quoi de bon ou de nouveau», «on est fatigué des discours», «c'est le réchauffé» ou encore «c'est pour lui là-bas» gagnent du terrain en milieu jeune.

Propos renforcés par le pessimisme affiché des universitaires et élites politiques qui pensent de même.

L'élection de 2018 est venue une fois de plus accroître cette scission entre le discours présidentiel et la jeunesse. L'absence de renouvellement au sommet de l'État, a fini par pousser plusieurs jeunes à prendre fait et cause, avec ou sans convictions, pour l'opposition avec en tête de proue le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun-MRC.

 En 57 éditions, Paul Biya s'est adressé à la jeunesse camerounaise 40 fois. Né le 13 février 1933 et aujourd'hui âgé de 89 ans, Paul Barthélémy Biya'a Bi Mvondo semble encore jeune et fort pour rester debout une heure durant, temps nécessaire pour son 41ème discours à la jeunesse le 11 février 2024.

Cyrille De Fopossi pour le journal citoyen Menouactu