8 Mars à Dschang : Les femmes du haut et du bas peuples ; la fracture sociale ?

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  • Rédigé Par MenouActu    


  • Mis a jour 09/03/23 à 10:33

L'un des faits majeurs du 8 mars 2023 dans la ville de Dschang a été l'absence ou la faible visibilité de plusieurs catégories de femmes. La femme rurale pour commencer et celle des communautés de femmes déplacées internes ensuite.


À la place des fêtes de Dschang ce 8 mars, la tribune officielle illumine aux couleurs du pagne de l'édition 2023. Là-bas, ce sont des femmes de haut rang, des universités, des grandes écoles et des administrations qui sont confortablement assises auprès de leurs époux et collègues, eux-mêmes marqués de classe. La couleur dorée domine et c'est une véritable coloration uniforme.


Quelques escaliers plus bas, on découvre un autre visage de femmes, vêtues de toutes sortes de vêtements n'ayant parfois rien à voir avec le «pagne officiel». Anciennes tenues, t-shirt, robes, c'est un véritable salmigondis, une réelle coloration arc-en-ciel qui laisse découvrir le côté cour et le côté jardin de la fracture sociale dans le milieu féminin de la Menoua.


Sous l'impétueux soleil, ces femmes regardent avec admiration ce pagne dont elles désirent elles aussi arborer, mais dont elles n'ont pu se l'offrir. Et lorsque le préfet dans son discours d'avant le défilé officiel, estime que la femme de la Menoua est encore «très marginalisée», celles-ci ont bien envie de dire (nous voici chef terre).


Les présentes et les absentes


Alors que le défilé est annoncé, on se dit alors que ces femmes du bas de la tribune pourront apaiser leur douleur en montrant à l'assistance qu'elles n'ont pas de pagnes mais qu'on peut aller chercher leur féminité dans leurs démarches.

Malheureusement, c'est une fois encore la tribune officielle qui leur ravira la vedette. La tristesse, l'envie et le désir se lisent dans les regards de ces femmes dont les visages, marqués par les rayons de soleil, dégoulinent de sueur.

Alors que le défilé commence, l'on espère voir toutes les catégories de femmes dans les rangs. Mais une fois de plus certaines ne sont pas de la partie. Commerçantes, Bayam-sellam, femmes rurales, déplacées internes, toutes sont invisibles ou presque.


Le défilé a dès lors un goût d'incomplet. Les absences de ces femmes sont remarquées dans la foule par quelques regards avertis qui s'interrogent. Où sont-elles passées ? Sont-elles au moins au courant que ce jour est à elles réservé ?

 Ont-elles perdu la notion du temps par manque de temps ? Peut-être. Plongées qu'elles sont dans les travaux champêtres, la chasse de la clientèle ou les semailles en ces temps de retour des pluies.

Les femmes handicapées ont tout de même porté la voix de cette communauté des «en bas en bas» pour emprunter aux mots du Dr. Aristide Mono

À côté de ce visage caché de la célébration, on note également une ribambelle de problèmes que le 8 mars a remis à l'ordre du jour, notamment le traitement de l'homme de média lors des cérémonies officielles, qu'il soit convié pour couvertures ou non.

Toujours est-il que pour les prochaines échéances on souhaiterait voir toutes les couches sociales impliquées dans le déroulement des festivités, car il n'y a pas plus femme que l'autre.


Cyrille De Fopossi pour le journal citoyen MenouActu

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