Le maire de la commune de Dschang a engagé une campagne de démolition de plusieurs espaces marchands et autres bâtisses, ce qui n’est pas du tout du goût des populations qui attendaient autre chose.

Du coup, celui qui était vu hier comme un ange est présentement perçu comme un démon.

Depuis plusieurs semaines, l’assaut final pour l’assainissement de la ville de Dschang semble lancé par le maire de la ville et toute sa cohorte de badauds qui ne ménagent aucun effort pour s’illustrer par des actes propres aux gens dont la conscience a été mise en catalepsie.

À temps ou à contretemps ces équipes de la délinquance municipale investissent les différentes artères de la ville, apposent des croix de Saint André tant sur les espaces marchands jouxtant la voie publique qui est déjà bien mal entretenue que sur les murs de certaines bâtisses privées. La suite est un scénario digne d’une foire aux cancres : la bande à Kemleu débarque avec marteaux, machettes, massettes, camion benne, bref toute une artillerie lourde digne d’une machine à démolir. Rien n’échappe au passage de cet ouragan municipal : kiosques, dessertes, raccords et autres volent en éclats en un temps record sur les regards médusés et impuissants des tenanciers qui ne sont recasés nulle part et qui voient l’espoir de plusieurs personnes à loger, nourrir, soigner, éduquer et vêtir partir en fumée. Ce sont donc de nombreuses familles qui se retrouvent pour certaines sans emplois, et pour d’autres, notamment les plus chanceuses, avec un nouveau décor sur leurs lieux de commerce.

S’il y a lieu de saluer une telle action qui vise à assainir la ville et à lui donner une autre coloration, il y a tout aussi lieu de s’interroger sur la nécessité de poser des actes aussi odieux en ces temps de crise. En effet, les familles sortent à peine d’une longue période de confinement ayant connu un ralentissement des activités dans tous les secteurs d’activité. Si on ajoute à cela la forte délégation constituée des personnes ayant fui la crise dans les régions anglophones pour se réfugier dans la cité universitaire, afin de se battre vaille que vaille pour vivre au quotidien, il y a urgence de revoir le modus operandi de l’exécutif communal qui, par de tels actes, ouvre la voie non seulement à l’insécurité dont la résurgence fait perdre le sommeil aux populations, mais aussi qui peut provoquer une insurrection de la part des personnes qui essuient les quolibets des casseurs.

Les populations de la ville de Dschang attendent donc qu’après ces exactions spectaculaires des ouailles de la commune de Dschang, le cap soit mis sur la réfection et l’entretien des routes dont le caractère désolant et ridicule jette l’opprobre sur les originaires de ce département, sur le curage des caniveaux et surtout l’aménagement de la voirie municipale dont la défectuosité bénit le désordre urbain.

Guy Paulin Mbatchou pour www.menouactuweb.com