A l’occasion de la double opération de communication politique et de communion avec les sinistrés, l’on a appris le bilan définitif de la catastrophe : quatre (4) pertes en vies humaines et cinq cent huit (508) sinistrés à des degrés divers.

« (…) Comme vous savez, c’est le destin qui choisi et nous impose les événements. Malgré donc votre peine, souriez à la vie et elle recommencera à vous sourire, car dans la vie il y a de la clarté mais aussi de l’ombre. Seulement, c’est la clarté de la lumière qui doit l’emporter à la fin… »

Tel est la quintessence du message délivré à la place des fêtes de Santchou par SE Fogui Jean-Pierre, ministre délégué auprès du ministre de la Justice garde des sceaux, en sa qualité de chef de la délégation permanente du Comité central du RDPC, dans le département de la Menoua.

Ce message prononcé le samedi 9 septembre 2017 a été, selon les propos du chef de délégation, la matérialisation de la solidarité de l’élite du parti dans le département. Introduisant son discours, le D_r Fogui a fait une révélation à son auditoire :

« (…) Quand ces tristes événements nous ont été rapportés, j’ai lancé l’opération "Coup de cœur" en tant que chef de la délégation permanente du Comité central. J’ai alors demandé à nos camarades du département de mettre la main à la poche, pour qu’on vienne essuyer les larmes de ceux qui ont ainsi été touchés, le vendredi 4 août dernier… »

La rentrée scolaire se présentant comme une opportunité idéale de remise du don, c’est tout naturellement que les organisateurs de l’événement ont fait du samedi 9 septembre passé leur fenêtre de tir. Et le résultat de cette double opération de communication politique et de communion avec les sinistrées a été présenté au public.

La campagne électorale est déjà engagée au RDPC, dans les cinq sections de la Menoua.

Dans son intervention, Chili Abdou, sous-préfet de Santchou, a présenté le contenu du don, qui s’est décliné en : quatre-vingt quinze (95) cartons de cahiers, trois (3) cartons de crayons à bille, cent (100) paquets de crayons ordinaires "HB", cent (100) douzaines de couvertures de cahiers, deux cent vingt (220) boîtes académiques, quatre cent soixante dix (470) feuilles de tôles de trois mètres, cinquante cartons (50) de pâtes alimentaires, de l’argent liquide.

Naturellement, c’est l’essentiel de la crème des cadres RDPC de la Menoua qui s’est cotisé, pour constituer le don. Tandis qu’un de ses camarades du parti égrenait la longue liste de noms des donateurs, monsieur le ministre délégué en profitait pour s’attarder sur la présentation et/ou la promotion des activités, de certaines jeunes élites politiques, économiques ou administratives du RDPC dans le département.

Un autre indice qui semblerait lever un coin de voile sur l’importance accordée à ce meeting, par le chef de délégation permanente du Comité central est la qualité même des personnalités présentes. Car, tous les cadres en activité dans le département ont répondu à l’appel : présidents de sections, maires, députés, opérateurs économiques, responsables de sous-sections… Les rares invités qui n’ont pas pu être présents en personne ont toutefois pris soin de valablement se faire représenter.

Et là l’on a cru comprendre qu’au parti du flambeau, la campagne électorale pour les échéances de l’an prochain est déjà engagée. Cependant, quelques personnalités RDPC non originaires d’ici ont trouvé un prétexte pour voler au secours de la cause. Elles ont pour noms : Manfouo David, député à l’Assemblée nationale, cinq (5) cartons de cahiers ; Kuété Jean, maire de Melon, trois cent mille (300 000 F) ;

Jean-Claude Mbwentchou, ministre de l’Habitat et du développement urbain, cinq cent mille (500 000 F) ; Niat Njifendji Marcel, président du Sénat et Yang Philémon, Premier Ministre, deux millions chacun (2 000 000 F) ; Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics, un million (1 000 000 F).

Par ailleurs, cette dernière personnalité a promis voir quoi faire avec ses services sur le terrain, au bénéfice des sinistrés. L’ensemble de ce don a été décliné en trois catégories : de l’argent liquide pour les familles endeuillées ; des feuilles de tôles pour les personnes ayant perdu une habitation, pour Hommes ou pour bétail ; des fournitures scolaires et alimentaires pour ceux qui ont subi des dégâts matériels, à un niveau ou à un autre.

Les populations doutent que la catastrophe soit d’origine naturelle, et en partie provoquée par la déforestation.

Balungeli Confiance Ebune, préfet de la Menoua, a fait le point sur le bilan définitif de la catastrophe. L’on a ainsi retenu que cette catastrophe a frappé Fossong-Wentcheng dans Dschang, et plusieurs villages de l’arrondissement de Santchou.

Aux plans humain et matériel, le tribut payé a été très lourd : quatre (4) morts, dont un couple à Dschang (32 et 27 ans) et deux frères à Santchou (9 et 4 ans) ; quatre cent soixante-neuf (469) agriculteurs sinistrés, dont quatre cent huit (408) à Santchou ; quatre-vingt (80) hectares de plantations dévastés ; cinq cent (500) hectares de champs inondés ;

Dix-sept (17) éleveurs ayant vu l’ensemble de leur cheptel ainsi que les bâtiments abritant les bêtes emportés ; cinquante-deux (52) habitations entièrement rasées ou menaçant ruine ; deux (2) établissements scolaires inondés et menaçant ruine ; infrastructures routières coupées ; réseaux d’électrification et d’adduction d’eau potable hors d’usage. Soit un total de cinq cent huit (508) sinistrés.

SM Atogué Justin, chef du village Bebong dans l’arrondissement de Santchou, a pris parole en sa qualité de représentant des populations frappées par la catastrophe. S’adressant au ministre Fogui, il a lancé : « (…) Par ma voix, les populations sinistrées vous disent merci d’être venu nous assurer de votre soutien et, surtout, de nous prouver que nous avions raison de choisir le RDPC. (…) Vous pouvez imaginer à quel point nous avons souffert. Mais désormais, nous allons cesser de pleurer parce que vous êtes en face de nous… »

Parlant cette fois au double nom des sinistrés et de tous les militants de la Menoua, le chef Bebong a demandé « (…) au chef de l’Etat, SE Paul Biya, de se présenter aux élections présidentielles de 2018… » Auparavant, il s’est interrogé sur ce qui « (…) s’est passé sur les montagnes, pour qu’en moins de deux heures de temps la catastrophe éclate en différents endroits du département au même moment… »

Concluant le développement de sa pensée, il a invité le gouvernement à créer une commission d’enquêtes chargée d’élucider les causes réelles de la catastrophe. Il a pris ainsi le contre-pied du préfet, qui a jugé la catastrophe d’origine naturelle, avec des inondations et des glissements de terrains favorisés par une mauvaise exploitation de l’écosystème.

Quand le D_r Fogui Jean-Pierre a pris congé de ses hôtes à la fin du repas, les membres du Comité départemental de gestion de la crise se sont réunis. A cette occasion, les modalités de partage ont été arrêtées. Et c’est sur les coups de 17 heures 30 que les premiers bénéficiaires sont entrés en possession de leurs paquets. Soit six heures de temps après le début de la cérémonie…

Roch Kenfack