- Ajouter le 21/08/17
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- Rédigé Par MenouActu Suivre @MenouActu
Janvier Fondong Maya. Le chef supérieur du groupement Kékem justifie l’organisation de ces rites dans la ville qui étouffe ses traditions.
D’où vous est venue l’idée d’organiser le cadi dans une ville ?
J’avais environ 7 ans lorsque mon père a organisé ce genre de cérémonie pour purifier le village. En bamiléké, ils appellent cela « tchetchak ». Ce n’est pas une pratique Mbo mais mes notables se sont entendus avec les autres pour détruire les sorciers et favoriser le développement.
Par quoi ce développement est-il freiné ?
Vous savez par exemple qu’il y a des gens qui se transforment en animaux pour détruire les champs de ceux qui ont travaillé. Avant, il y avait beaucoup d’éléphants ici. Nous les avons fait disparaître. Mais certains méchants utilisent les leurs à des fins maléfiques. Dans les années 1954 – 1955, monpère, qui avait une quarantaine de femmes, avait très peu d’enfants. Il a fait venir le « tchetchak ». Même les Haoussa se sont mêlés de l’affaire. Aussitôt après, beaucoup ont accouché. Par la suite, de nombreuses femmes du village sont mortes, ce sont elles qui leur faisaient des « couches de nuit ». Il a réédité l’expérience en 1970. A mon arrivée au trône, en 1990, c’était très dur. J’ai moi-même organisé une autre séance en 1992. J’avais constaté que les fils du coin s’installaient difficilement à Kékem.Depuis quelque temps, je reçois les plaintes des populations. Avec les chefs des différentes communautés qui résident à Kékem, j’ai donc décidé de pacifier le coin.
Vous croyez donc que toutes les histoires que les gens racontent au cours de ce rite sont vraies ?
Nous avons l’habitude d’entendre que les gens ont quatre yeux. Un chef n’est pas n’importe qui. Quand on l’attrape, lors de son internement, tous les sorciers du village viennent lui donner la puissance, les pouvoirs, les herbes, etc. Parfois la sorcellerie est héréditaire. On peut donc voir les bonnes choses ou les mauvaises. Autour du chef, il y a des gens qui se sélectionnent eux-mêmes pour assurer le rayonnement du village. Quand le courant d’eau emporte par exemple quelqu’un ici chez nous, ceux qui ont les yeux simples croient que c’est un accident. Or le chef voit. Il peut rassembler autour de lui ceux qui voient et qui savent où est le prisonnier, si on peut le retirer, etc. Car au bout d’un certain temps, si rien n’est fait, il sera tué ou ligoté.
Comment appréciez-vous les résultats ?
Je suis très satisfait par ce qui se passe. J’ai refusé qu’on tape sur les coupables. Quand on arrête un fautif, je demande de différer la sanction. Ils prennent le cadi en jurant sur une tortue et un chien noir qu’ils ne vont plus recommencer. A la fin, nous allons immoler ces animaux. Ceux qui ont dit que ce n’était rien marchent déjà nu. Beaucoup ont fui leurs concessions. Ils ne peuvent pas revenir et y entrer sans passer par la chefferie.
Propos recueillis par F.K.
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