On n'est pas loin d'une disparition quasi totale du ruminant dans la commune de Dschang. Sur près de 100 éleveurs, 90 ont déjà abandonné le secteur. La faute à un nouveau phénomène qui fait de la viande de chèvre un véritable luxe.

Où sont passées les chèvres dans les marchés et les villages de Dschang ?

Les poubelles, la poussière et désormais les inondations, ont presque toujours fait partie du décor urbain de la ville universitaires de Dschang. Il faudra désormais ajouter à ces différents problèmes le phénomène de vol de chèvres qui a élu domicile dans la ville, au grand malheur des éleveurs.

C'est à croire que le village Bamena dans le Ndé, traditionnellement connu comme fief des voleurs de chèvres, a passé le flambeau à Dschang et ses bandits.

Pour  Djofack Franklin, « C'est comme si les délinquants ont parié et veulent montrer à qui veut les entendre que les éleveurs vont arrêter “leur maman” qu'ils appellent élevage. Toutes les étables sont cassées systématiquement à Dschang. Les chèvres enlevées et déportées près des braiseurs»

 Des groupes de bandits bien organisés, qui travaillent dans une grande synergie.

Un réseau bien organisé

Ces hommes sans foi ni loi qui ont choisi pour victimes les chèvres et leur éleveurs, débutent leur sale besogne la nuit tombée. Sillonnant quartiers et villages situés aux périphéries de la ville, ils dérobent les pauvres éleveurs de leur bétail. Ils  repartent aussitôt et  en toute vitesse sur des motos, par les champs ou alors via des couloirs sombres de la nuit.

L'entrée en scène des braiseurs

La première étape achevée, la deuxième consiste à écouler le plus rapidement possible les chèvres volées. C'est là qu'interviennent les braiseurs de chèvres. Des receleurs qui n'attendent que le butin de la chasse nocturne pour leur commerce du lendemain.

Ces braiseurs sont d'ailleurs accusés par les éleveurs qui disent ne pas comprendre comment les braiseurs de chèvres ont toujours de la viande à braiser alors qu'ils ne sont presque jamais visibles lors des marchés de chèvres. La mairie est également accusée ; car d'après plusieurs riverains, les chèvres arrêtées pour divagation disparaissent de la police municipale pour des destinations inconnues.

Les éleveurs jettent l'éponge

Découragés par les récurrentes incursions de ces bandits et les lourdes pertes qu'ils enregistrent, les éleveurs sont sur le point d'abandonner leurs activités.

« C'est un constat . Le vol des chèvres est récurrent et on tend vers un abandon dans le domaine...»,  

témoigne amèrement Piko Assongni, un éleveur de Dschang. Pour cet autre éleveur, « La détermination des voleurs de chèvres à décourager les éleveurs de caprins est un pari gagné par les bandits».

Le traditionaliste Djoufack Carlos s'inquiète, quant à lui, du danger que cela pourrait avoir sur la vie traditionnelle dans la communauté.

« Une enquête auprès de 100 familles, ne donne plus cinq (5) faire l'élevage de chèvres. C'est alarmant. Renseignez-vous et revenez-moi.Où allons-nous? Vers la fin des "Afeh " "Ekem"?/ des dots et autres cérémonies engageant les chèvres???» s'interroge t-il.

Une action des autorités sécuritaires pour mettre fin à ce phénomène serait d'un grand soulagement pour les populations.

Cyrille De Fopossi pour le Journal citoyen MenouActu

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