KENFACK Laurent : « Cela va faciliter le travail aux enseignants, il y aura un peu moins de travail administratif ; et on doit passer le plus gros du temps à enseigner. »

  • Ajouter le 07/10/19
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  • Rédigé Par MenouActu    


Approché par notre rédaction, le délégué départemental des enseignements secondaires de la Menoua M. KENFACK Laurent, échange avec nous sur quelques aspects essentiels de la nouvelle année scolaire.


Le thème retenu pour l’année scolaire qui vient de prendre son envol est le suivant : « l’école : un milieu idéal pour l’acquisition des compétences nécessaires à la promotion de la paix et au vivre ensemble pour un développement durable »

Quelle analyse pouvons-nous faire de ce thème ?

C’est un thème qui est d’actualité. Vous savez qu’à l’école en général, on a à faire aux camerounais de demain, des bâtisseurs de la société de demain. Donc ça veut dire que si dans le milieu scolaire on forme très bien les enfants en respectant les idéaux de paix de vivre ensemble, et en mettant tout en œuvre pour que ces derniers acquèrent les compétences nécessaires à cet effet ; je pense que nous irons inévitablement vers le développement durable.

Par rapport à ce thème, y a-t-il des prescriptions spéciales à l’endroit de la communauté éducative pour que ce thème porte les fruits attendus ?

Oui. A l’endroit de la communauté éducative nous demandons simplement de lutter contre la violence en milieu scolaire. Parce que lorsqu’il y a violence en milieu scolaire c’est une entrave à la paix ; c’est une entrave au vivre ensemble. Donc on doit faire des efforts pour que le milieu scolaire soit un milieu paisible où il y a entente ; où il y a solidarité. Ce faisant, je pense qu’on sera entrain de mieux préparer la société de demain.

Quel bilan en termes des résultats aux différents examens, dressez-vous de l’année académique écoulée ?

Je voudrais déjà dire que le taux de réussite global dans le département de la Menoua en 2019 a été de 69.14% ; soit une hausse de 3.8 points par rapport à l’année antérieure. Et nous sommes au-dessus du taux de réussite régional qui se situe à 66%.

Par rapport à l’année dernière (2017-2018) nous avions un taux de réussite de 65.34%. Cette année (2018-2019) nous sommes à 69.14. Donc il y a eu un embelli de 3.8%. Ce taux concerne tous les examens à savoir, le probatoire, le BEPC, le baccalauréat, le GCE.

Au moment où la nouvelle année scolaire vient d’être démarrée ; quelles sont les modifications auxquelles la communauté éducative (parents, enseignants et élèves) devra désormais intégrer ?

La plus grande nouveauté est qu’on ne va plus parler de séquences dans les établissements scolaires. Puisque ces dernières années on parlait de séquences, il y en avait six. Mais on rentre à la notion de trimestre. Donc au terme de chaque trimestre, les enfants auront des bulletins et on demande au moins deux évaluations par trimestre. Cela va faciliter le travail aux enseignants, il y aura un peu moins de travail administratif ; et on doit passer le plus gros du temps à enseigner. Puisque dans l’ancienne programmation, lorsqu’on parlait de séquences, il y avait un temps énorme qu’on passait à évaluer les enfants ou à remplir les documents administratifs ; alors que le gros du temps devait être consacré aux apprentissages dans les salles de classes. Et chaque parent devrait donc s’attendre à ce que les enfants apportent le bulletin à la fin du trimestre.

Entre autres nouveautés monsieur le délégué ; les parents doivent, semble-t-il, se livrer désormais à un exercice de signature des copies de leurs enfants ?

Effectivement. Lorsqu’on doit interroger les enfants, ces derniers doivent rentrer à la maison avec les copies pour que les parents les signent avant qu’ils ne les retournent à l’établissement. Cela permettra que les parents ne soient plus surpris en fin de trimestre par le travail de leurs enfants. Et cela permettra également que dès les premiers devoirs, les parents se rendent compte de la façon dont l’enfant travaille et qu’ils prennent des dispositions nécessaires dans le sens d’une amélioration.

Comment envisagez-vous l’application d’une telle disposition dans les villages où les parents pour la plupart ne sont eux-mêmes allé à l’école ?

Soyez rassuré : ces parents sont intelligents même s’ils ne sont pas allés à l’école. Une maman qui n’a pas été à l’école a quand même un proche qui peut lire la copie et lui expliquer. Sachez aussi qu’il y a de moins en moins d’analphabètes au Cameroun. Ce n’est pas parce que les gens vivent en campagne qu’ils ne savent pas lire et écrire. De plus en plus au Cameroun le pourcentage d’analphabète a significativement baissé. Je ne pense pas qu’ils peuvent atteindre les 20% ; même pas 10.

Qu’est ce qui peut avoir justifié cette mesure ?

En fait c’est une façon de rapprocher l’école des parents. On s’est rendu compte que les parents pensaient qu’il suffisait de laisser les enfants à l’école, puis de tourner le dos et l’école fait le reste. Non. Il faut qu’il y ait une synergie ; des échanges réguliers ; et que le parent sache comment l’enfant travaille à l’école pour ne plus être surpris en fin d’année ou de trimestre. Donc régulièrement les parents doivent s’attendre à contrôler la copie de l’enfant et savoir par-là que l’enfant travaille mal ou a des insuffisances à tel niveau et à tel autre ; afin d’encourager alors l’enfant à étudier ses leçons, à faire ces devoirs lorsqu’il arrive à la maison. On se rassure qu’il n’y a pas un laissé-allé. On est ainsi rassuré que les enfants doivent également passer ; puis que si on les suit bien les résultats de fin d’année seront assez positifs.

Que vous inspirent les décisions ainsi prisent par la tutelle ?

Ce sont des bonnes décisions. Elles sont les bienvenues dans la mesure où pour les séquences nous sommes revenus au trimestre. Donc on voudrait que les enfants acquièrent les compétences. Et on ne peut pas acquérir des compétences sans l’enseignement. Donc en renforçant le quota d’heures consacré uniquement aux enseignements, ça va aussi améliorer l’acquisition des compétences par les enfants. Et parlant des copies qui doivent être visées par les parents, c’est pour que régulièrement les parents soient au courant des performances de l’enfants à l’école pour prendre les orientations nécessaires à temps ; et non attendre la fin d’année pour être déçu.

De cette façon, ne pensez-vous pas qu’on gagne en abscisse mais qu’on soit entrain de perdre en ordonnées ; dans la mesure où deux séquences par trimestre, contrairement à une série d’évaluation, ne ferait pas que l’enfant soit de temps à autre discret et connaisse alors une baisse de performances ?

Pas du tout. Puisqu'en fait on n’évalue pas pour le plaisir. On évalue après des enseignements pour vérifier si les compétences ont été acquises. Donc au terme d’une série d’enseignements, il faut pouvoir évaluer les enfants pour voir s’ils ont maitrisé ce qui leur a été enseigné.

Quels conseils donnerez-vous aux différents acteurs, à la fois pour assurer à ces nouvelles donnes l’efficacité souhaitée ; et une année scolaire meilleure que la précédente

Je commence d’abord par les élèves. Je leur demande d’être obéissant, respectueux, assidu ; et de réviser régulièrement leurs leçons. Il y a un temps pour chaque chose. Présentement c’est le temps pour eux de préparer leurs avenirs en révisant leurs leçons, en étant assidu à l’école. Et cela passe par la discipline. Cela passe également par le respect des parents, des enseignants et des administrateurs dans les écoles.

Au niveau des parents, je leur dirais simplement d’être proche des enfants. De se rapprocher des enfants et de fouiller régulièrement leurs sacs, parce que très souvent, les enfants ont dans leurs sacs des instruments très dangereux : ça peut être de la drogue, des bières, des instruments dangereux qui ne devraient pas être emmenés à l’école. Que les parents essaient de demander régulièrement les copies des enfants et de les signer ; de sorte que les enfants ne soient plus abandonnés à l’école. Il faut qu’il y ait ce travail de collaboration permanente entre l’école et les parents.

Et aux enseignants, je leur demande de continuer de faire leur travail comme ils l’ont toujours fait. Et de ne pas simplement regarder ce qu’ils gagnent. Notre profession est un sacerdoce. Vraiment, chacun doit faire son travail malgré les difficultés auxquelles on fait face. C’est un contrat qu’on a signé avec la société ; et c’est un contrat pour la vie. Et il est reconnu que même si votre travail n’est pas payé par les humains ; il est payé par l’être suprême.

Interview réalisé par GT.

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