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- Rédigé Par MenouActu Suivre @MenouActu
Paru dans Le Messager N0 4857 du lundi 03/07/2017 La prise du pouvoir par l’armée est décrite fondamentalement un coup de force qui par essence met entre parenthèse dès qu’elle prend effet, la gestion de la cité suivant les principes de liberté d’aller
Malheureusement, ce recours est un phénomène très à la mode en Afrique en général, et en Afrique sub-saharienne en particulier. Dans tous les pays où ce scénario a pris corps, l’argument phare aura été la nécessité de sauver la nation des mains d’une dictature établie sous le couvert de la démocratie. Un argument souvent illustré par les frasques des dirigeants en poste. Le Cameroun court-il le risque d’un recours à cette forme d’alternance ? Pour y répondre il faut d’abord examiner l’environnement politique camerounais, à la lumière de 2011, pour voir s’il regorge des signes avant coureurs susceptibles d’un un tel scénario.
2011 date d’il y a Il ya presque 7 ans. Mais moi, je m’en souviens comme si c’était hier. Hier donc, nous avons eu droit à une élection dite présidentielle de plus pour rien. Car même si de l’avis du « vainqueur » consacré par moins de 25% des populations en âge de voter, « notre démocratie se porte bien », l’observateur avisé n’a pas eu besoin d’être érudit en science po, ou encore en psychosociale pour remarquer que le malaise des « vainqueurs » qui dégoulinait de leurs visages et attitudes, tel une perfidie, depuis le fameux vendredi du record de lecture des résultats (et vivement que les encyclopédies reconnaissent au moins cela au Cameroun et à Alexis Dipanda Mouelle), est l’un des baromètres à partir duquel l’on peut mesurer la tragédie politique camerounaise.
REGARDONS A NOUVEAU LE FILM DE L’Acte 2011 : Nuitamment déclaré grand vainqueur avec presque 78% des suffrages valablement exprimés (Que voulez-vous ? Paul Biya a 78 ans ! on ne pouvait plus reconduire les 71% de 2004 puisqu’il n’a plus 71 ans comme en 2004 ! pardieu !) bizarrement les cités cosmopolites que sont Yaoundé, Douala, Bafoussam et Bamenda et autres affichent un silence insoutenable. Les plus effarouchés marchent la tête baissée, comme pour ne pas regarder de front ce phénix invincible, s’imposer encore contre vents et marrées. Personne n’ose rien. Surtout pas de contestation. Rien que des « vraimeeeent… », des « ce n’est pas vraiiiii … » ou encore des « çaaaaaaaaaaaa Paul Biya ! … » Tout en évitant que ces exclamations de mauvais goût ne tombent dans les oreilles des RE-NOUVEAUX BOSS. Mais comment ne pas entendre aussi ces tirs groupés (et cette fois là à très haut débit) contre l’opposition clocharde, aventurière à outrance, égocentrique et que sais-je encore ? C’est ce tintamarre qui a le vent en poupe. Normal ! C’est cette patate d’ « opposition » qui aura accepté qu’on la mange crue.
Oui, ces silences assourdissants et ces essais phoniques pour ne rien dire, ou plus exactement pour dire ce que tout le monde sait déjà, sont l’expression du désarroi d’un peuple volé, violé, abusé, instrumentalisé à outrance. Mais, à l’observation, le grand vainqueur c’est ce silence tonitruant insoutenable, dont l’écho domine les quelques esquisses jubilatoires très périphériques des courageux supporters de l’Homme Lion eux-mêmes croulant sous le poids d’un ras de marrée de 78% difficile à assumer.
Et pour cause ? Une fois les rideaux du théâtre de mauvais goût tombés, les dégâts collatéraux font état de ce que plus de 75 % de camerounais ont refusé de jouer la partition écrite pour eux par une élite politique qui a rayé de son vocabulaire le mot « honte ». Ils ont majoritairement fait échec et mat à la phase pseudo électorale tout comme à la tentative de phase juridico-protestatoire avortée. De ce jeu là, les Camerounais n’en veulent plus.
Que veulent les camerounais alors ? Personne ne peut le dire avec précision pour le moment. L’environnement n’a fait que se complexifier davantage avec la montée sur scène des nouveaux « leaders ». Pour la petite histoire, une bonne quinzaine de « candidats » sont allés à cette élection présidentielle à UN TOUR juste pour se faire un nom. Tant pis si la conséquence majeure de cette démarche aura été d’assassiner les espoirs de tout un peuple qui rêvait pourtant d’en découdre si les « braves » leaders avaient consenti le sacrifice humainement réalisable de mettre à disposition un CANDIDAT CONSENSUEL. Que non ! Les égos ont une fois de plus parlé plus fort que l’intérêt républicain… Et bonjour la gueule de bois… Bonjour l’éternel recommencement… Pour ne pas dire bienvenu au pays du mythe de Sisyphe !
C’est par ces moments là qu’une République court le plus le risque de basculer dans le chaos. Le terrain des tensions tribales, assaisonné d’une poignée généreuse de paupérisation, mélangée au chômage et au sous-emploi et boom ! Cocktail Molotov assuré !
Au fait, à quoi ressemblerait le chaos camerounais ? Réponse : il peut très bien se présenter sous la forme d’un coup de force militaire comme on l’a vu dans d’autres pays africains ces dernières décennies. Ce ne sont pas les drames de Kolofata, superbement regardés de haut ou encore le durcissement de ton de la partie anglophone qui me feraient objection. Je vous fais l’économie de la désertion des braves soldats récemment partis en formation aux USA. Ceci pour dire que ce ne sont pas les arguments de justification d’un coup de point de l’armée qui manqueraient dans cette République nôtre, jadis fière et imposante, aujourd’hui devenue le labyrinthe lugubre dans lequel toutes les intelligences qui auraient généré quelque chose sous d’autres cieux glissent et échouent lamentablement dans le marécage de la débrouillardise tous azimuts. Bienvenue dans la République où la praxis politique est en passe d’obliger l’Académie à recourir à une trouvaille terminologique inédite pour en rendre compte.
Mais ici, on soutien mordicus que la démocratie se porte bien. Une démocratie très encadrée par un environnement juridique très à propos, qui veille à ce que ladite démocratie « s’exprime » par la banalisation de la création des partis politiques, le maintien de l’élection à un tour, la pollution du corps social par un discours politique tribaliste et balkanisant à temps et à contre temps, la non existence du Conseil Constitutionnel qui ouvre aux lectures et corrections de la loi fondamentale selon les besoins du grand camarade, et cætera et cætera.
Oui le pays marche sur la tête. Il est par conséquent, très en danger. Il ne fera pas bon de s’appeler « Camerounais » le jour où se jouera le dernier Acte. Je ne nous souhaite pas bonne chance, à nous autres, figures publiques dites de l’opposition, mangés dans toutes les sauces et même sans sauce (normal, c’est la patate qui avait accepté qu’on la mangea crue)… Je ne nous souhaite pas bonne chance, disais-je. Non! pas à nous « leaders » politiques qui avons l’obligation morale de faire l’ascèse, élévation au dessus de ce « JE » à la fois myope et narcissique qui plombe l’éclosion de l’INTERET GENERAL.
A nous autre j’exhorte, je plaide : il n’ya qu’une seule MISSION qui vaille. Mobiliser les expertises pour désamorcer la bombe… ou alors, se taire, à jamais ! C’est ici et maintenant que ça se joue…avant que l’enfant ne pleure pour de vrai.
Alice SADIO
Une Patriote, tout court.
Email : sadialicha@yahoo.fr
Soyons le changement dont nous rêvons pour le Cameroun et l'Afrique! Lets BE the Change that we dream of for CAMEROON and AFRICA!
Alice SADIO
Présidente Nat. Alliance des Forces Progressistes (AFP), Parti Politique
Présidente-Fondatrice de l'Ecole des Femmes Africaines (ECOFA)
Diplômée en philosophie Morale et Politique
Directrice de la Trans-Linguist Professsionals (TPL)
Traducteure, Sous-titreure
Tél: +237 242 61 30 00 - 677 82 79 19