13 jours sans électricité à Dschang : La morgue de l'hôpital au bord du chaos

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  • Rédigé Par MenouActu    


  • Mis a jour 25/09/24 à 21:55

La crise d'électricité à Dschang affecte durement la conservation des corps à la morgue de l’hôpital régional annexe de Dschang. Depuis près de deux semaines, la ville de Dschang, dans la région de l’Ouest du Cameroun, est frappée par une coupure


 d’électricité qui semble interminable. Alors que les coupures étaient auparavant ponctuelles, cette situation anormale de 13 jours sans courant perturbe gravement la vie des habitants.
Parmi les structures les plus touchées, la morgue de l’hôpital régional annexe de Dschang se retrouve dans une situation critique. 


L’absence prolongée d’électricité compromet la conservation des corps, provoquant leur dégradation rapide. Si les responsables de la morgue refusent de s’exprimer officiellement sur le sujet, d’autres sources fiables confirment la gravité de la situation, et les odeurs qui se dégagent de la morgue alertent de plus en plus les riverains.


Une coupure d’électricité aux conséquences multiples

Cette coupure, qui affecte l'ensemble de la ville de Dschang, impacte plusieurs secteurs cruciaux : le commerce, l’éducation, la santé, et bien entendu, les services publics essentiels. Toutefois, la situation devient particulièrement alarmante à l’hôpital régional annexe de Dschang, où l’un des défis les plus immédiats est la conservation des corps à la morgue.

Les morgues dépendent entièrement de l’électricité pour maintenir les chambres froides fonctionnelles. Or, ces équipements de congélation sont essentiels pour ralentir la décomposition des corps. Sans électricité pendant 13 jours, les chambres froides de la morgue de Dschang sont totalement hors service, et la conservation des dépouilles est désormais impossible. Ce qui provoque une détérioration rapide des corps, avec des odeurs insupportables qui, selon plusieurs témoins, se propagent aux alentours de l’hôpital.


Le silence des responsables, des signes inquiétants

Alors que nous avons tenté d’obtenir des informations officielles sur cette situation critique, les responsables de la morgue de l’hôpital de Dschang ont refusé de s’exprimer publiquement. Ce silence officiel ne fait que renforcer les inquiétudes autour de l'état des corps à la morgue. Pourtant, il est évident que la situation est critique. Les odeurs nauséabondes qui émanent de l’établissement sont devenues si fortes que plusieurs habitants vivant à proximité de l’hôpital ont tiré la sonnette d’alarme. Certains témoignages font état de mauvaises conditions sanitaires autour de la morgue, et plusieurs sources internes, bien que sous anonymat, confirment que les installations sont désormais inopérantes.

D’après ces sources, le manque d’électricité compromet gravement le fonctionnement des chambres froides, entraînant la décomposition avancée de nombreux corps qui y sont entreposés. Cette situation est d’autant plus tragique que les familles des défunts, qui attendent de récupérer les dépouilles pour organiser les funérailles, se retrouvent confrontées à un dilemme : partir avec des corps dans un état critique ou attendre une hypothétique rétablissement de l’électricité, risquant ainsi une détérioration encore plus importante.


Les limites des groupes électrogènes

Pour tenter de pallier cette situation, l’hôpital a tenté de mettre en marche des groupes électrogènes pour alimenter la morgue. Cependant, ces appareils ont montré leurs limites. Les générateurs, conçus pour des interruptions de courte durée, ne sont pas adaptés à une crise de cette ampleur. Ils nécessitent une quantité importante de carburant, un coût que l’hôpital ne peut se permettre de supporter sur une longue période.

Face à ces difficultés, les groupes électrogènes ne peuvent pas assurer un fonctionnement continu des chambres froides, laissant les corps exposés à des températures inadéquates pendant de longues heures, voire des jours entiers. Le manque de carburant et l’usure des générateurs rendent la réfrigération irrégulière, voire totalement inefficace. Cela a conduit à la dégradation rapide des corps, créant une situation insoutenable pour les familles et le personnel hospitalier.


L'impact sur les familles et le personnel de la morgue

Cette situation désastreuse à la morgue affecte en premier lieu les familles des défunts, qui sont directement impactées par la dégradation des corps de leurs proches. Dans de nombreuses cultures camerounaises, les funérailles sont un moment de recueillement et de respect, où le corps du défunt doit être présenté dans des conditions dignes. Or, la décomposition avancée de certains corps rend difficile, voire impossible, leur présentation lors des obsèques.

Pour certaines familles, la seule solution reste de transporter les corps vers des morgues mieux équipées dans d’autres villes comme Bafoussam, Melong ou Nkongsamba . Cependant, ces options sont coûteuses et représentent un fardeau financier important pour des familles déjà éprouvées par la perte d’un être cher. Le coût du transport, ainsi que les frais de conservation dans d'autres établissements, alourdissent les charges des familles et rendent l’organisation des funérailles plus complexe.

Par ailleurs, le personnel de la morgue se retrouve dans une situation inconfortable, devant faire face à une crise qu’il ne peut contrôler. La décomposition des corps pose également un risque sanitaire pour ceux qui travaillent à proximité de la morgue, augmentant la tension et l'inquiétude. Ces derniers craignent une dégradation des conditions de travail et une possible contamination si la situation n’est pas rapidement résolue.


L'alerte des riverains et des sources locales

Malgré le silence des responsables de la morgue, les riverains et d'autres sources fiables confirment l'ampleur de la situation. Les odeurs qui se dégagent de la morgue sont devenues si envahissantes qu'elles alertent non seulement les familles des défunts mais aussi les habitants vivant à proximité. Ces derniers redoutent une dégradation encore plus avancée des conditions sanitaires si les corps ne sont pas traités dans des délais appropriés. Plusieurs témoins, sous couvert d'anonymat, nous ont confirmé que l'état des corps se détériore rapidement et que des mesures d'urgence doivent être prises pour éviter une crise sanitaire.

Ce silence officiel des responsables de la morgue ne fait qu'accentuer les tensions et laisse les familles dans l’incertitude quant à l'avenir de leurs proches décédés. Les autorités locales, quant à elles, n'ont pas encore proposé de solution concrète pour résoudre cette crise énergétique prolongée, laissant les infrastructures de santé dans une impasse.


Un appel à une intervention d'urgence

Face à la gravité de la situation, il est urgent que des mesures soient prises pour rétablir l'électricité à Dschang, notamment dans les infrastructures critiques comme les hôpitaux. Les autorités locales et nationales doivent collaborer avec la compagnie en charge de la distribution de l’électricité (ENEO) pour résoudre cette coupure prolongée, qui met en péril la vie des habitants et le fonctionnement des services essentiels.

En attendant, des solutions temporaires doivent être envisagées, telles que la mise à disposition de groupes électrogènes supplémentaires ou la fourniture de carburant pour maintenir le fonctionnement des installations hospitalières. Les autorités sanitaires doivent envisager de transférer les corps non identifiés ou en décomposition avancée vers des morgues voisines afin d’éviter une crise sanitaire imminente.

La crise actuelle à Dschang met en lumière les lacunes du système de distribution électrique au Cameroun, et appelle à des réformes urgentes pour éviter que de telles situations ne se reproduisent. Les infrastructures de santé, en particulier, doivent être mieux équipées pour faire face à des coupures prolongées, et des solutions à long terme, telles que l’énergie solaire, doivent être envisagées pour garantir un fonctionnement continu des services vitaux.


En attendant une intervention, la population de Dschang, en particulier les familles endeuillées, continue de vivre dans l'incertitude et la souffrance, espérant un retour rapide à la normale.

Pour le journal citoyen MenouActu, Blaise ETONGTEK

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